La perception que nous avons de notre corps joue un rôle crucial dans notre bien-être mental et émotionnel. Pour certaines personnes, cette perception est profondément altérée par un trouble appelé dysmorphie corporelle, qui peut engendrer une grande souffrance psychologique et des comportements délétères.
La Dysmorphie Corporelle, c’est quoi ?
La dysmorphie corporelle, ou trouble dysmorphique corporel (TDC), est un trouble psychologique caractérisé par une préoccupation excessive et obsessionnelle pour un ou plusieurs défauts perçus dans son apparence, bien souvent minimes ou inexistants. Cette perception erronée entraîne une détresse significative et peut affecter profondément la vie quotidienne de la personne concernée. La période de l’adolescence est souvent un moment propice à l’apparition de ce trouble, aussi bien chez les jeunes filles que les garçons.

Concrètement, cela implique quoi ?
Les personnes souffrant de dysmorphie corporelle ont une image déformée d’elles-mêmes, ce qui les pousse à se focaliser sur des détails perçus comme « inacceptables », et c’est un doux euphémisme. Généralement le langage associé à la partie du corps concernée est d’une grande violence. Les mots qui reviennent souvent sont “dégoût”, “horrible”, “monstrueux” et j’en passe.
Les personnes souffrant de dysmorphophobie vont généralement :
- Se regarder constamment dans le miroir ou, au contraire, éviter complètement tous reflets.
- Avoir un besoin excessif de ré-assurance et validation de leurs proches sur leur apparence.
- Avoir des comportements répétitifs comme se maquiller compulsivement, cacher certaines parties du corps ou vérifier sa silhouette sous différents angles.
- Se comparer en permanence avec les autres, et souvent de manière défavorable.
- Pouvoir potentiellement avoir recours à des procédures esthétiques (chirurgie, traitements dermatologiques, etc.), souvent sans véritable satisfaction durable.
- Présenter une détresse émotionnelle intense menant à l’isolement social, la dépression ou l’anxiété.
A l’origine de la dysmorphophobie…
Il n’existe pas une cause unique à la dysmorphie corporelle, mais plutôt une combinaison de plusieurs facteurs :
- Facteurs biologiques et neurologiques : Des déséquilibres dans certains neurotransmetteurs, notamment la sérotonine (hormone du bonheur), pourraient jouer un rôle.
- Facteurs psychologiques : Une faible estime de soi, des expériences de rejet ou de moqueries durant l’enfance peuvent contribuer au développement du trouble.
- Facteurs socioculturels : L’idéalisation d’un corps « parfait » véhiculée par les médias, les magazines, les réseaux sociaux, l’industrie des régimes elle-même et la pression sociale favorisent une vision déformée de soi-même.
- Expériences traumatiques : Des traumatismes passés (harcèlement, critiques constantes, abus), relations toxiques, peuvent également être un déclencheur.
Quelles sont les souffrances associées ?
La dysmorphie corporelle a des répercussions profondes sur la vie de la personne concernée, qui va potentiellement s’isoler socialement et professionnellement, et éviter les interactions par peur du jugement. Elle peut se retrouver en grande détresse émotionnelle et développer des troubles anxieux, et malheureusement également souvent des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie, ou même “juste” une forte restriction cognitive)
Comment réussir à progressivement accepter son corps ?
Sortir de la dysmorphie corporelle demande du temps et un travail en profondeur sur soi. Voici quelques pistes pour avancer :
1. Prendre conscience du trouble
La première étape est de reconnaître que la perception de son corps est biaisée et non conforme à la réalité. Se renseigner sur le sujet et en parler à des professionnels peut être un premier pas vers la guérison.
2. Se faire accompagner
Amorcer un travail de fond et personnalisé pour aider à déconstruire les croyances limitantes, les pensées obsessionnelles et rétablir une relation apaisée avec son corps en développant des stratégies concrètes pour les surmonter progressivement.
3. Se détacher du passé
Lorsque la dysmorphie trouve son origine dans un traumatisme (harcèlement, moqueries, relations toxiques…), il est important de travailler sur tout ce qui a pu être dit sur son corps, pour progressivement se détacher de ce référentiel du passé, qui est en complet décalage avec la réalité.
4. Comprendre le lien entre dysmorphie corporelle et alimentation émotionnelle
Le travail sur l’image et le rapport au corps implique de prendre conscience de ses propres comportements alimentaires influencés par son image corporelle. Progressivement des alternatives bienveillantes sont mises en place, pour retrouver une alimentation plus intuitive et sereine.
5. Diminuer l’exposition aux déclencheurs
Réduire le temps passé sur les réseaux sociaux, éviter les comparaisons incessantes et s’entourer de personnes bienveillantes peuvent aider à déconstruire les standards irréalistes de beauté.
6. Cultiver la bienveillance
Apprendre à s’adresser à soi-même avec bienveillance, comme on le ferait avec sa meilleure amie, est essentiel. Cela peut passer par des affirmations positives et des exercices de gratitude envers son corps.
La dysmorphie corporelle est un trouble qui peut impacter profondément la qualité de vie. Pourtant, il est possible d’apprendre à se voir autrement, à se libérer du prisme de l’auto-jugement et à cultiver une relation plus apaisée avec son corps. Il n’est jamais trop tard pour inverser le processus et développer une perception plus juste et bienveillante de soi-même.